Lettre de Guillaume Apollinaire à Lou : « Tu dois embrasser passionnément le fouet que je te brandirai. »
Mon petit Lou, reçu ta lettre du 12 pour laquelle tu auras une rude fessée que je veux que tu me rappelles toi-même si je l’oubliais. Tu es bien au chaud, à tirer ta flemme et voile que tu te mets à douter de moi. Moi, je peux douter de moi par fatigue, je ne sais quoi, mais toi, tu vas douter de moi qui suis ton maître, qui ai tous les droits, toutes les puissances sur toi. C’est insensé. Je t’apprendrai mon Lou que tu m’appartiens et je trouve que tu considères bien à la légère le pouvoir que j’ai sur toi. Je veux que tu aimes tout ce que je te ferai et tu dois embrasser passionnément le fouet que je te brandirai, et tu devras me demander très sincèrement encore. Ce n’est pas seulement ton imagination qui doit être en jeu, c’est aussi ton derrière, ton gros cul qui doit souhaiter les coups comme une grande volupté, si c’est mon bon plaisir de lui en donner, comme tes joues doivent être heureuses des gifles que je puis leur flanquer, si ça me dit. Coups ou baisers ce doit être aussi épatant pour toi, du moment que ça vient de moi.
Les coups doivent être seulement considérés comme de gros baisers, et les baisers comme de petits coups. Si quand tu es à froid, tu redoutes les gros baisers, sois si exquise, si passionnée, si adorable que tu ne mérites que les petits coups de ma bouche. Mais tu sais que je t’aime autant dans ma sévérité que dans ma douceur, de même que [le] petit bout de ta chair est aussi chéri par moi que le reste, mon amour adoré — Tu vois, amour chéri, que tu devinais juste, puisqu’en effet pour la composition de français j’ai été classé le 1er. Tu as eu des vers avant-hier, je t’en enverrai chaque fois que j’aurai le temps d’en faire. Ne les perds pas car je les réunirai (les meilleurs) en volume et je n’en ai pas copie car je te les écris directement.
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